Une pièce de théâtre à l’occasion de la première assemblée synodale le 16 novembre à 20h30
Avant-propos de Gérard Lavayssière,
auteur de la pièce « Nous avons joué de la flûte »
Ce texte est la réponse à une sollicitation pour accompagner un projet du diocèse des Landes, la démarche synodale « Oser l’Espérance ». Le discours un peu bavard, un peu dogmatique de grands-parents bien intentionnés auprès d’un petit-fils passif, pour ne pas dire carrément coi, en l’absence d’action véritable, pourrait faire croire à une simple séance de catéchisme où le lecteur n’apprend rien qu’il ne sache déjà. Voire !
À quoi je répondrai d’abord qu’il s’agit effectivement d’éclairer de quelques lumières choisies, la route d’un enfant qui, comme la plus grande partie des enfants d’aujourd’hui, va cheminer dans l’ignorance la plus totale d’une espérance chrétienne qui était autrefois un trésor partagé par le plus grand nombre, dans la société, dans les familles, dans les paroisses, ou sur les bancs de l’école. L’objet du propos étant de présenter la dimension spirituelle du monde et le mystère étonnant de la vie, il était inévitable d’y avoir introduit un peu de poésie ainsi que la lecture des poètes qui ont su le mieux parler de la beauté qui nous environne, et des « splendeurs situées derrière le tombeau ». L’aspect poétique de cette évocation nous introduit, par degrés, naturellement, vers l’ordre de la Charité, le plus élevé de ces « ordres » dont parle Pascal. En parodiant Baudelaire on pourrait dire que c’est « par et à travers la poésie, par et à travers la musique » (entre autres voies) que le Tout Autre se manifeste à l’homme et que cette résonance en lui se nomme le sacré. D’ailleurs, c’est sans doute l’absence presque totale de sens poétique qui rend le polémiste Michel Onfray imperméable au génie du Christianisme.
De plus, le témoignage personnel d’une expérience de foi vécue permet de substituer une authentique catéchèse à un cours de catéchisme, qui s’adresse simplement à la raison. Mais la présence d’un peu d’humour permet, en même temps, une mise à distance bien venue pour que l’intelligence puisse toujours exercer des droits qui sont inaliénables, même en matière de foi,-surtout en matière de foi, de façon à éloigner toute dérive superstitieuse.
Enfin, il ne faudrait pas oublier que ce texte n’est pas fait pour être lu, mais pour être représenté. À côté de l’échange avec l’enfant se développe le vrai dialogue, avec le chœur celui-là. La représentation d’un texte dit toujours plus que le texte, de même qu’au théâtre la représentation de la vie dit toujours plus que la vie elle-même : c’est un lieu, une assemblée, un moment de la journée, une ambiance musicale, un beau rendez-vous de vivants qui viennent avec leur vécu et leurs émotions… Bref, une mystérieuse alchimie, qui fait du théâtre, dans certains moments privilégiés et rares, le premier des arts.
Dire ce que l’on ne voit pas, dire le surnaturel, par la mise en scène, c’est-à-dire le moyen le plus naturel qui soit, par la mise en contemplation, comme le veut l’étymologie du mot théâtre, -théaomaï, quel étonnant paradoxe ! C’était la quête de Claudel, le rêve du théâtre symboliste ; c’est notre espoir ce soir dans ce spectacle dédié à l’Espérance. On sait tous, depuis le renard de Saint-Exupéry, que l’essentiel est invisible aux yeux et que l’on ne voit bien qu’avec le cœur ! …
Alors fermons Michel Onfray, homme de certitudes-après avoir l’avoir lu avec soin, parce que, amoureux nous aussi de l’Antiquité classique, nous ne le vouons pas aux ténèbres extérieures. Il a eu la lucidité de voir que l’histoire de l’Humanité était une longue succession d’atrocités ; mais il n’a pas rendu justice au Christianisme qui, globalement, malgré les errements tragiques de l’Inquisition et des Croisades ou les silences, peut-être, de certains papes, a été un puissant facteur de modération de ces violences. Ouvrons nos yeux, ouvrons nos oreilles, et surtout, ouvrons nos cœurs ! Peut-être la magie du théâtre pourra-t-elle ainsi se déployer parmi nous sous les voûtes de la très belle, très antique et très vénérable église Sainte Quitterie d’Aire-sur-Adour !
Gérard Lavayssière